Juin | Protéger notre santé

Changement climatique, insectes et santé publique

Faire face aux nouveaux dangers

Invasions d’insectes, maladies tropicales se propageant à toute allure en Europe, nouveaux agents pathogènes… le réchauffement climatique constitue un péril majeur pour la santé humaine.  Nos sociétés sauront-elles s’y préparer?

Boostés par le réchauffement du climat, symboles de la relation difficile entre l’espèce humaine et la biodiversité, les insectes questionnent notre capacité d’adaptation. Changer nos habitudes, ou bien arroser le territoire avec des insecticides?  Adapter nos cultures, ou nous empoisonner avec toujours plus de pesticides?

Maladie de Lyme dans les régions boisées, chikungunya en Italie, dengue sur la Côte d’Azur… Et un jour en Scandinavie ? L’Europe doit se préparer à une recrudescence des épidémies transmises par des insectes, préviennent des chercheurs. Des températures plus élevées favorisent en effet une croissance et un déplacement plus rapides d’espèces très tolérantes, qui posent déjà des problèmes économiques majeurs, notamment en santé et en agriculture. De nombreux insectes piqueurs-suceur, qui tolèrent la présence d’un virus ou d’une bactérie dans leur organisme, sont des vecteurs de maladies comme la malaria, la fièvre jaune et la peste. De hautes températures favorisent la transmission de l’agent infectieux par certains vecteurs. Exemple avec le moustique-tigre, originaire de l’Asie du Sud Est qui a envahi l’Italie et le Sud de la France: dès qu’il fait 1 °C ou 2 °C de plus, il s’installe un peu plus au nord. Le savez-vous? Les moustiques sont les plus grands « tueurs » de la planète, avec un million de décès chaque année à cause des virus qu’ils transmettent à l’homme. Dans le scénario extrême d’une augmentation des températures de 4°C d’ici 2080 (c’est-à-dire dans le cas où l’humanité doublerait sa consommation d’énergies fossiles), ces insectes pourraient menacer près d’un milliard d’individus supplémentaires d’ici la fin du siècle. 

Et ce n’est pas tout: les invasions d’insectes provoquent la destruction des cultures et parfois la famine dans les régions les plus fragiles, favorisent l’utilisation irresponsable de pesticides partout dans le monde, qui eux mêmes ont des effets ravageurs sur la santé humaine… les cercles vicieux sont en place. Pire encore,  la fonte des calottes glaciaires et l’élévation du niveau de la mer drainent de nouveaux risques épidémiologiques, avec la résurgence possible d’agents pathogènes inédits.

Selon une étude publié en 2009 et 2018 par la revue britannique The Lancet, le changement climatique constitue la plus grande menace mondiale pour la santé publique au 21e siècle, faisant peser un risque « inadmissible » sur la santé actuelle et future des populations du monde entier, avec des effets directs – malnutrition et sous-alimentation, mortalité et morbidité liés aux aux maladies infectieuses et aux événements extrêmes (vagues de chaleur) , et des effets indirects sur la santé : disponibilité de l’eau, accès à la nourriture, élévation du niveau des mers,… « La santé mondiale dans les siècles à venir dépendra de nos réponses au changement climatique » selon l’Organisation Mondiale de la Santé. 

 

Moustique tigre, frelon asiatique , tiques et autres insectes à l'assaut de l'Europe

Invasions d'insectes et destruction des cultures

Insecticites et pesticides, de graves dégats sur la santé

Qu'est-ce qu'on peut faire?

Des actions qui comptent, si nous sommes des millions à les faire

Nous ne pouvons pas faire grand chose pour empêcher la migration d’espèces d’insectes à travers les frontières de notre pays. Mais  nous pouvons limiter leur implantation en maintenant une grande biodiversité, en évitant les eaux stagnantes (foyers d’oeufs), et en participant aux systèmes  d’alerte précoce. L’Etat doit sensibiliser davantage les professionnels de santé et le grand public sur les risques, et adopter des stratégies de contrôle innovantes telles que les actions communautaires. Surtout, nous devons tout faire pour ralentir le réchauffement climatique, qui encourage les migrations, la prolifération et la dangerosité des insectes piqueurs suceurs. 

Comment partager notre territoire avec de nouvelles espèces, potentiellement porteuses de maladies nouvelles? Comment réorienter les recherches médicales en tenant compte de ces modifications? Comment soutenir une agriculture respectueuse du vivant, et résiliente face aux changements? Toutes les priorités sont remises en question, mais pas par tout le monde. Peut-on compter sur nos élus pour réfléchir à de réelles réorientations budgétaires, se débarrasser des lobbies de la pétrochimie et de l’agro-alimentaire, développer la recherche scientifique, les renouvelables, et la transition agricole..? Si nous ne nous mobilisons pas, il y a peu de chances qu’ils changent, et c’est pourquoi l’action citoyenne est plus que jamais nécessaire.. 

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